Les cancers deviennent une des causes de mortalité les plus importantes chez les patients infectés par le VIH.
Le graphique ci-dessous qui vous montre l’évolution des causes de mortalité en France entre l’année 2000, 2005 et 2010, dévoile qu’en 2010, les décès par cancers représentent 22% des décès chez les patients infectés par le VIH.
L’étude ONCOVIH publiée en 2006, a permis d’effectuer une estimation du nombre de cas de cancers survenus en France chez les patients infectés par le VIH. Il s’est avéré que cette année là, 1 320 (IC95% = [1271-1368]) ont été diagnostiqués. L’incidence estimée est donc de 14 pour 1 000 patients-années.
Ainsi, l’incidence des cancers est dix fois celle des infarctus du myocarde.
Les cas recensés ont été étudiés et le tableau suivant montre la fréquence des différents cancers selon le sexe.
Hors cancers du poumon, cancers les plus fréquents associés à des virus (EBV, HHV8, HPV, HBV, HCV,…)
Les autres données importantes sont les suivantes
- les cancers sont diagnostiqués chez des patients âgés de 47 ans en moyenne, ayant un taux de CD4 plus bas que ceux observés chez l’ensemble des patients infectés par le VIH suivis à l’hôpital.
- Les patients diagnostiqués avec un cancer classant ont le plus souvent des charges virales > 500 copies/mL.
- Le risque de survenue de cancer est significativement moins élevé en cas de taux de CD4 > 500/mm3.
L’incidence des cancers chez les patients VIH est supérieure à celle observée dans la population générale
Le tableau suivant fait état de ces incidences
Cancer (majoration du risque)Anal (x 40 à 100) |
LienHPV
|
Sans oublierLMNH |
EBV |
Les autres caractéristiques communes des cancers survenant chez les patients infectés par le VIH sont les suivantes
- Une évolution plus péjorative
- Un risque de récidive plus élevé
- Un risque d’interactions entre les agents anticancéreux et antirétroviraux
- Des survies moindres, comparées à la population générale.
Afin d’optimiser la prise en charge des patients infectés par le VIH atteints de cancer, de créer une standardisation de la prise en charge des cancers survenant dans cette population, de permettre un accès des patients à des centres de références à l’échelon national et ainsi d’améliorer l’offre thérapeutique aux patients, la collaboration entre les équipes de cancérologie de proximité et les équipes spécialisées dans l’infection à VIH ainsi qu’ une collaboration étroite entre ces centres experts est indispensable.
- Ainsi ont été mises en place des Réunions de Concertation Pluridisciplinaires locales en lien éventuel avec le centre de référence du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière qui devrait se mettre en place.
- La fiche spécifique RCP est un lien nécessaire et utile aux équipes.
Cancers gynécologiques et anaux, ai-je plus de risques ?
Les femmes séropositives doivent avoir un suivi gynécologique régulier et un peu plus fréquent que les autres. Assurée par un médecin généraliste ou un gynécologue, cette surveillance permet de dépister plus tôt le cancer du col de l’utérus et donc de le traiter plus efficacement.
L’examen recommandé est simple et rapide : c’est le frottis cervico-vaginal (prélèvement local). Outre des anomalies des cellules, il recherche la présence de papillomavirus oncogènes (qui sont à l’origine du cancer et doivent donc être traités).
Le bilan gynécologique systématique annuel permet donc le dépistage précoce d’anomalies et leur prise en charge spécifique (électrorésection ou conisation), évitant la survenue de cancer.
L’infection à papillomavirus oncogènes au niveau anal peut aussi induire des dysplasies de la muqueuse anale, précurseurs de la survenue de cancer anal. Un dépistage doit être proposé aux femmes ayant une dysplasie ou un cancer du col utérin, chez tout patient ayant des condylomes anogénitaux, mais aussi aux hommes ayant des pratiques de rapports anaux réceptifs. Selon les résultats de la cytologie de dépistage, une anuscopie sera effectuée pour effectuer des biopsies avant le choisir le traitement le plus approprié (cryothérapie, éléctrocoagulation, laser, voire la chirurgie…).
Consultez les plaquettes de l’Institut National du Cancer
Prévenir le cancer de l’anus chez les patients infectés par le VIH
Prévenir le cancer anal (gays vivant avec le VIH)
Le proctologue-gastroentérologue