Communiqué

Endométriose | Une nouvelle technique pour traiter les nodules d'endométriose pariétale

Qu’est-ce que l’endométriose pariétale ?

L’endométriose de la paroi abdominale, également connue sous le nom d’endométriose pariétale, est une affection rare. Elle se présente le plus souvent sous la forme d’un nodule. Elle se développe généralement au niveau d’une cicatrice de césarienne et apparaît dans les deux années suivant la césarienne.
Cette endométriose peut entraîner divers symptômes tels que des douleurs au niveau de la paroi abdominale, notamment pendant les règles. Parfois, ces nodules douloureux peuvent également être palpés dans la paroi abdominale.

Dans un premier temps, la patiente bénéficie d’une consultation spécialisée en endométriose dans le service de gynécologie à Estaing. Dans un deuxième temps, deux types de traitement peuvent être envisagés : la prise en charge chirurgicale ou plus récemment la cryothérapie. Le choix de la technique se fait par concertation entre le chirurgien gynécologue, le radiologue interventionnel et la patiente.

Un glaçon se forme à l’extrémité de l’aiguille

La cryothérapie pour traiter les nodules d’endométriose pariétale

La cryothérapie est une technique utilisée depuis plusieurs années pour traiter des tumeurs bénignes ou malignes comme les tumeurs du rein et a été adaptée pour traiter les nodules d’endométriose pariétale. Le CHU de Clermont-Ferrand fait partie des premiers centres en France à proposer cette technique et est intégré dans un registre national pour cette prise en charge.

Ce traitement novateur et surtout mini-invasif consiste à utiliser un gaz réfrigérant et inerte pour refroidir de manière précise une ou plusieurs aiguilles placées dans le nodule, formant ainsi un glaçon à l’extrémité de l’aiguille. En utilisant différentes tailles d’aiguilles, on peut obtenir des glaçons de tailles variées pour traiter entièrement le nodule d’endométriose.

Ce froid extrême, d’une température de -40°C, permet d’éliminer les lésions endométriosiques. Suite à l’intervention, une fibrose se forme, qui se résorbe par la suite. Grâce à l’utilisation du scanner, le praticien peut réaliser le traitement de manière précise et simultanée sur plusieurs nodules.

Dr Benoît Chauveau et Dr Sami Mezher

Les avantages de la cryothérapie

Cette technique est peu invasive car elle ne nécessite aucune incision chirurgicale et ne laisse aucune cicatrice visible tout en préservant la paroi de l’abdomen. L’objectif est d’obtenir une récupération plus rapide par rapport à une intervention chirurgicale. Après une surveillance de quelques heures à l’hôpital, elle peut rentrer chez elle le soir même et reprendre une activité normale en 3  à 4  jours.

Cette méthode se révèle extrêmement efficace pour soulager la douleur, qui disparaît dès le cycle menstruel suivant, entraînant ainsi une nette amélioration de la qualité de vie.

Cette cryothérapie s’inscrit dans une prise en charge multidisciplinaire impliquant chirurgien gynécologue et digestif, spécialiste de l’AMP, de la douleur, radiologue, sexologue… Le CHU Estaing bénéficie d’une expertise reconnue au niveau national et international pour la prise en charge de l’endométriose.

Les praticiens injectent le gaz réfrigérant durant 8 min

En quelques chiffres

  • Activité débutée au CHU en avril 2023
  • 11 interventions en 2023
  • 1h d'intervention selon la complexité du cas
  • 1er centre de la Région Auvergne Rhône-Alpes

La prise en charge de l'endométriose au CHU

Au sein du CHU de Clermont-Ferrand, la prise en charge de l’endométriose dans le service de gynécologie se distingue par son approche multidisciplinaire, impliquant une équipe variée de spécialistes tels que des chirurgiens, des médecins de la fertilité, des radiologues, des médecins spécialistes de la douleur, des biologistes, une sexologue, une coach sportif et bien d’autres. Cette approche, reconnue à l’échelle mondiale, témoigne de l’engagement du CHU dans la fourniture de soins complets et adaptés aux besoins spécifiques des patientes atteintes d’endométriose.

Actuellement, le service de gynécologie du CHU est reconnu mondialement et excelle à la fois dans la recherche clinique, dans la recherche fondamentale (Dr Sachiko Matsusaki), dans la pratique médicale, radiologique et chirurgicale, incarnant ainsi une approche holistique de la gestion de l’endométriose.
Le service a été classé premier centre public, avant l’épidémie du covid-19, en 2019 par le palmares du Point. Les équipes travaillent activement en coopération avec les services de chirurgie digestive et de chirurgie urologique.*
Voici un aperçu des éléments clés de cette activité dynamique.

L’endométriose reste une maladie parfois mal repérée, dont la prise en charge est souvent insuffisamment coordonnée pouvant conduire à un retard diagnostic.

L’objectif des recommandations de bonne pratique est de pouvoir proposer à chaque patiente un parcours de soins homogène, coordonné et optimal, avec comme facteur clé l’information des patientes. Les recommandations abordent chaque étape de la prise en charge du diagnostic aux traitements et les situations d’infertilité liées à l’endométriose.

L’implication du service de gynécologie du CHU de Clermont-Ferrand (Pr Canis, Pr Bourdel, Dr Chauffour, Pr Rabischong, Dr Grémeau) dans l’élaboration de ces recommandations souligne son engagement remarquable dans la lutte contre l’endométriose. Sous la direction de la HAS et le Collège national des gynécologues obstétriciens français, les praticiens du CHU de Clermont-Ferrand ont démontrés une volonté d’excellence et de rigueur scientifique dans la gestion de cette maladie complexe.

Ces recommandations mettent l’accent sur la nécessité d’une approche diagnostique pluriprofessionnelle adaptée, des modalités de traitement individualisées, une prise en charge spécialisée par des équipes pluridisciplinaires, avec le souci permanent d’apporter à chaque étape  une information complète aux patientes. Rédigée en 2017, les recommandations sont toujours d’actualité.

Le 11 janvier 2022, le Président Emmanuel Macron a dévoilé le lancement de la Stratégie nationale de lutte contre l’endométriose, une initiative destinée à approfondir notre compréhension de cette maladie complexe, identifier ses causes, et élaborer des traitements thérapeutiques novateurs, améliorer la formation des soignants sur cette maladie et surtout améliorer les parcours de soin de ces patientes. Cette pathologie, est encore mal connue des professionnels de la santé et des patientes, ce qui engendre un retard diagnostique moyen de sept ans, soulignant ainsi l’impératif de renforcer les connaissances a tous les niveaux.

Le service de gynécologie a joué un rôle actif dans l’élaboration de cette stratégie nationale en participant à sa rédaction.

Parmi les axes qui seront abordés, nous retrouvons :

  • la mise en place d’un programme d’envergure pour la recherche dédiée à l’endométriose ;
  • la facilitation de l’accès aux soins pour toutes les personnes atteintes d’endométriose, par la mise en place de filières territoriales dédiées à la prise en charge multidisciplinaire ;
  • le développement de la formation initiale et continue pour les professionnels de santé.

Cette stratégie ambitieuse représente une avancée significative dans la reconnaissance et la prise en charge de l’endométriose en France, soulignant l’engagement du gouvernement à lutter contre cette maladie invalidante et à améliorer la vie quotidienne des personnes qui en souffrent.

Le projet NoEndo vise à réaliser une étude pilote pour établir une base de données de patientes pour faciliter le recueil systématisé des données et en faciliter l’accès, l’exhaustivité et la fonctionnalité aux bénéfices des patientes, du praticien et de la recherche.
Les dépenses de santé inhérentes à la prise en charge de l’endométriose sont considérables (traitements médicaux, multiples interventions chirurgicales et hospitalisations, arrêts de travail, prise en charge de l’infertilité). Il s’agit d’un véritable enjeu de santé publique. Les données actuelles de la littérature concernant l’apparition, le développement et l’évolution de la maladie, l’efficacité des traitements médicaux et chirurgicaux sont basés sur des séries qui dépassent rarement les 200 patientes. Le suivi de ces séries est souvent limité et ne recueille des informations qu’à moyen voire court terme. Peu d’études se penchent spécifiquement sur l’analyse de la qualité de vie chez les patientes atteintes d’endométriose. Finalement, malgré la fréquence de cette maladie, il n’existe pas suffisamment de données pour progresser.

Actuellement les différents outils de recueil de données disponibles à des fins de pratique clinique mais aussi pour la recherche en endométriose sont relativement archaïques et demandent des moyens humains majeurs ce qui peut épuiser les praticiens, les patientes et tous les acteurs impliqués dans la constitution d’une cohorte. L’équipe a souhaité créer la nouvelle génération de ces bases en utilisant un outil numérique très robuste (application smartphone, application web) pouvant permettre de faciliter le recueil systématisé de ces données. Près de 8 000 patientes sont dans cette base de données et l’objectif est d’accroître constamment ce chiffre.

Chaque mois, le service de gynécologie du CHU organise une réunion de concertation pluridisciplinaire, réunissant les professionnels de santé du CHU, les équipes hospitalières périphériques. Deux fois par an cette réunion est organisée avec la clinique de la Châtaigneraie. L’objectif de ces rencontres mensuelles est de créer un espace d’échange privilégié, propice à la discussion approfondie des stratégies de prise en charge pluridisciplinaires dédiées aux patientes affectées par des formes complexes d’endométriose.

En manifestant une collaboration étroite entre les différents acteurs de la santé, le service de gynécologie du CHU se positionne en tant que leader dans l’élaboration de solutions innovantes et personnalisées pour le traitement de l’endométriose. Ces réunions de concertation pluridisciplinaire offrent un cadre propice à la coordination des approches médicales, chirurgicales et thérapeutiques, favorisant ainsi une prise en charge globale et adaptée aux besoins spécifiques des patientes confrontées à des manifestations complexes de cette maladie.

En consolidant les liens avec les autres centres de soin, le CHU de Clermont-Ferrand renforce son rôle central dans la promotion d’une approche collaborative et intégrée, visant à optimiser la qualité des soins dispensés aux patientes affectées par cette pathologie complexe.

Le Dr Sachiko Matsusaki mène des travaux pionniers depuis des années sur la transition de cellules épithéliales vers de phénotypes mésenchymateux. Aujourd’hui, il joue un rôle dans la régulation de la fibrose dans la maladie. C’est une des pistes clefs dans la compression de la maladie et dans l’émergence de nouveaux traitements.

* Praticiens impliqués en gynécologie et en assistance médicale à la procréation : Pr Canis, Pr Bourdel, Dr Gremeau, Dr Chauffour, Dr Figuier, Dr Alexandre, Pr Brugnon, Pr Rabischong
Autres spécialités : Dr Chauveau, Dr Hordonneau, Dr Slim, Dr Poirot et Dr Picard.